BIOJOUT, Marie
Marie LEDUC, épouse BIOJOUT, est née le 22 janvier 1886 à Sagy (Seine-et-Oise). En 1926, elle réside à la maison centrale de Poissy, où son mari exerce les fonctions de concierge et surveillant-portier au sein de l’établissement pénitentiaire.
Le 28 juin 1926, alors qu’elle se trouve dans son appartement situé à l’intérieur même de la prison, Mme BIOJOUT fait face à un événement d’une rare violence. Un détenu particulièrement dangereux, LE MOAL, multirécidiviste, tente de s’évader. Profitant d’une corvée de transport, il brise une fenêtre à l’aide d’un pied de fauteuil et s’introduit par effraction dans le logement du couple.
Mme BIOJOUT, seule à cet instant, ne fuit pas. Elle fait obstacle au fugitif et tente de s’interposer physiquement. Au cours de l'agression, elle est blessée au poignet par des éclats de verre, comme le confirmera un certificat médical rédigé le jour même. Son intervention, aussi instinctive que courageuse, permet d’alerter les surveillants MANZONI et GUEYTOUT, qui interviennent rapidement et neutralisent l’agresseur.
Dans les jours qui suivent, les témoignages convergent : Mme BIOJOUT est saluée pour sa bravoure, sa lucidité et son sang-froid. Le préfet, le directeur de la maison centrale, le commissaire de police et le ministère de la Justice insistent tous sur le caractère exceptionnel de son action, d’autant plus qu’elle n’appartient pas à l’administration pénitentiaire. Son comportement est qualifié de "digne d’éloges", et son attitude est jugée comme étant déterminante dans la maîtrise de l’évasion.
Sur proposition du préfet de Seine-et-Oise et du ministère de l’Intérieur, Mme BIOJOUT reçoit la médaille d’honneur de bronze pour actes de courage et de dévouement, par décret du 15 octobre 1926, publié au Journal officiel du 27 octobre suivant. Le diplôme est transmis à la mairie de Poissy pour être remis officiellement.
Parallèlement, les surveillants MANZONI et GUEYTOUT, également impliqués dans l’intervention, sont eux aussi récompensés : le premier par la Médaille pénitentiaire, le second par une promotion exceptionnelle, tous deux salués pour leur sang-froid et leur dévouement.
Mais l’acte de Mme BIOJOUT, réalisé dans un cadre domestique, sans formation ni protection, demeure singulier par sa spontanéité et son audace, et constitue un exemple rare de reconnaissance d’une femme civile dans un contexte carcéral à cette époque.
Sources :
Archives départementales des Yvelines, cote 3M5 1 : dossier de proposition et de remise de la médaille à Mme BIOJOUT, 1926.