BOURGUELLE, Hermance

De Le Lab des Archives - Yvelines
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Le 12 juillet 1913, dans la commune rurale d’Us, alors située en Seine-et-Oise, un grave accident est évité de justesse grâce à l’intervention héroïque d’une habitante du village : Hermance BOURGUELLE, née Hermance DELHAYE. Âgée de 24 ans, mariée à un cabaretier local, mère de famille, Mme BOURGUELLE fait preuve d’un courage remarquable en sauvant un jeune enfant au péril de sa propre vie.

Ce jour-là, peu après 13h30, un tombereau vide attelé de deux chevaux descend rapidement la rue principale du village, rue de Vigny. Le conducteur, un charretier nommé ARNAUD, vient de tomber de l’attelage, laissant les chevaux livrés à eux-mêmes, lancés au galop. Plusieurs passants assistent à la scène, impuissants, alors que l’attelage devient un véritable danger public.

À cet instant, un petit garçon de deux ans, prénommé MARCEL, traverse la rue. Il se retrouve directement sur la trajectoire des chevaux, incapable de réagir face au danger. Tout laisse à penser qu’il va être écrasé. C’est alors qu’Hermance BOURGUELLE, présente sur les lieux, agit sans la moindre hésitation. Elle se précipite dans la rue, se place face aux chevaux lancés à vive allure, et réussit à saisir l’enfant pour le dégager de la route, juste avant qu’il ne soit atteint.

L’enfant, sain et sauf, est remis à sa mère, Mme LOISAN, qui arrive en courant sur les lieux. Cette dernière, bouleversée mais reconnaissante, déclare aux autorités que son fils n’aurait pas survécu sans l’action décisive de Mme BOURGUELLE.

Dans les jours qui suivent, les gendarmes Jean-Joseph ALLEMAND et François GILOT, de la brigade de Vigny, rédigent un procès-verbal détaillé, conformément aux procédures prévues par le décret du 20 mai 1903 pour les propositions de médaille d’honneur pour acte de dévouement. L’enquête donne lieu à cinq témoignages écrits, tous concordants. Le cocher ARNAUD, une épicière du nom d’HÉBERT, un ouvrier nommé SCHUMIGER, un autre charretier, TAVAREST, et la mère de l’enfant livrent chacun un récit cohérent.

Le maire d’Us, M. ASSELINE, soutient officiellement la proposition de récompense en déclarant que la jeune femme a accompli un véritable acte de bravoure. Le procès-verbal est transmis au capitaine commandant la section de Pontoise, puis au préfet, afin que la demande de décoration puisse être examinée.

Hermance BOURGUELLE ne recherchait ni la reconnaissance ni la gloire. Elle a agi par pur réflexe, poussée par son instinct maternel et son sens du devoir. Grâce au travail rigoureux de la gendarmerie et à la mobilisation des témoins, son geste a été consigné et transmis jusqu’à nous. Son nom figure désormais parmi les anonymes récompensés ou proposés pour acte de courage, ces figures discrètes mais essentielles de l’histoire locale.

L’histoire de Mme BOURGUELLE incarne ces actes quotidiens d’héroïsme que seule la mémoire collective, ou les archives, permettent de faire revivre. En sauvant la vie d’un enfant au prix d’un risque réel pour la sienne, elle offre un témoignage puissant de l’altruisme ordinaire, et mérite de retrouver sa place dans le récit des vies remarquables du territoire.

Source : Archives départementales des Yvelines, cote : 3M5 1 dossier de demande de médaille d'honneur de bronze des bonnes actions.