GELIN, Anita
Née le 6 mai 1915 à Saint-Germain-en-Laye[1], Anita Gelin était agrégée de Lettres et professeur au lycée Hélène Boucher à Paris. Dès 1940 elle entre dans la Résistance, exerçant ses activités entre la ville du Havre, siège de la maison familiale, et Paris où elle réside ordinairement pour sa profession d'enseignante. En étroite liaison avec le chef du groupe "L'heure "H"" au Havre, du nom du journal éponyme fondé en janvier 1942, elle s'adonne plus particulièrement aux actions suivantes :
- fabrication de faux-papiers allemands et français (feuilles de démobilisation, certificats médicaux, feuilles de permission ou de retour au France d'ouvriers travaillant en Allemagne, cartes d'identités fournies à des prisonniers-évadés, aux français tentant d'échapper au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) ou à toutes personnes en situation irrégulière vis-à-vis de l'occupant allemand ;
- aide à cacher des personnes poursuivies (Juifs, Alsaciens, Résistants ; pilotes anglais...)
- recrutement dans la Résistance et propagande à Paris et en Province, notamment à Bordeaux ;
- rédaction et correction d'articles destinés au journal "L'heure "H"", imprimé au Havre et distribué à Paris dont elle assurait également l'envoi par la poste ou la distribution directe ; distribution de tracts gaullistes ;
- transmission de renseignements militaires à la Résistance. Elle tenta ainsi de faire passer en Angleterre des plans de l'aérodrome de Villacoublay par l'intermédiaire du colonel Martin.
Cette activité trouva une fin tragique en 1943 avec l'arrestation au Havre, de Raymond Guenot, étudiant des beaux-arts, son chef de groupe qui logeait chez la mère de Rita Gelin et qui fut exécuté le 1er novembre de cette même année par la Guestapo. Plusieurs autres membres du groupe furent dans les mois suivants également arrêtés, fusillés ou déportés. Rita Gelin échappa à la rafle en étant en province à cet instant et vécue ensuite dans la crainte constante de son arrestation.
A la suite de la disparition de son groupe, Anita Gelin se chargea encore de recruter des agents pour la Résistance dans le secteur sud de Paris, devenant l'agent de liaison du commandant Neel, chef de l'O.M.C. d'Argenteuil et de Houilles, à qui elle transmettait documents et faux papiers. A l'heure de la Libération de la ville de Paris, elle se trouvait au poste de commandement de la Résistance du VIe arrondissement, sous les ordres du Docteur Devaux.
Elle consacrait également le peu de temps libre qui lui restait comme secouriste bénévole au poste de secours de la Croix-Rouge du XXe arrondissement de Paris, situé place Gambetta.
Ses états de service sont largement rapportés et notamment attestés le 27 novembre 1945 par Maryvonne La Hargue, professeur au lycée Jules Ferry à Paris, qu'elle avait approchée pour tenter de la faire entrer dans son groupe en novembre 1941 et à qui elle fournit personnellement un faux ausweis signé du chef de la place de Cherbourg ; par René Hamon le 27 mars 1947, également membre du groupe "L'heure "H"" qui la qualifie de "propagandiste acharnée" ; par Andrée Neel (le 4 juin 1945), dite Madame Roland dans la clandestinité et par le commandant André Neel (le 5 juin 1945), son époux, chef de bataillon, de l'état-major départemental de Seine-et-Oise, qui témoigne notamment de son courage, de son sang-froid et de sa compétence dans l'élaboration de faux documents ; par Yvette Aeply, directrice de la Maison de santé de La Vallée aux loups, recherchée par la Gestapo avec sa famille, qu'elle aida activement à cacher et qui témoigne que Rita Gelin agissait "avec une conviction profonde, sans aucune crainte, faisant tous les sacrifices nécessaires pour mener à bien cette oeuvre et ne pas négliger son travail professionnel".
Les nombreux témoignages de son activité amènent à proposer qu'elle soit récipiendaire de la médaille de la Résistance avec rosette[2] par le lieutenant-colonel de Boissoudy, le 17 juillet 1946[3].
- ↑ Anita Lucie, fille d'Auguste Ferdinand Emile Gelin, hôtelier et de Hélène Maria Simon, sans profession, naît à 1h30 du matin le 6 mai 1915 au 3, rue Franklin à Saint-Germain-en-Laye comme le montre son acte de naissance : 4E 7375 Archives départementales des Yvelines.
- ↑ La base des médaillés de la Résistance du site Mémoire des hommes mentionne qu'elle obtient la rosette par décret du 3 août 1946 avec publication au Journal officiel le 13 octobre 1946
- ↑ Les éléments contenus dans cet article proviennent des archives produites par le recueil des témoignages constitués par la Commission d'histoire de l'Occupation et de la Libération de la France et conservées sous la référence 1W 420 aux Archives départementales des Yvelines.