Les blanchisseuses de Versailles en 1848

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Article Les blanchisseuses de Versailles en 1848
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Type :
Revendications ouvrières
Date :
mars 1848



La blanchisseuse au XIXe siècle

Les blanchisseuses sont des ouvrières qui lavent et blanchissent le linge. Contrairement aux lavandières, il s'agit de leur profession. Elles sont le plus souvent installées en ville : en 1878, 120 ouvriers exercent le métier de buandier à Versailles (source). Les blanchisseuses travaillent dans des buanderies pour des maîtres blanchisseurs qui les rétribuent.

Leurs conditions de travail sont difficiles. Les salaires quotidiens diffèrent selon le maître blanchisseur (parfois seulement 1.20F la journée de douze heures). Ce salaire n'est pas suffisant pour subvenir à tous leurs besoins : par exemple, la garde de leurs enfants leur revient à 40 centimes la journée et elles n'ont pas assez d'argent pour se nourrir convenablement après ces dépenses. De surcroît, dix à douze années de travail suffisent à les épuiser complètement. Enfin, elles sont plus sujettes aux fièvres et aux fluxions de poitrine que les autres ouvriers, car elles utilisent de l'eau glacée en hiver pour laver le linge.

Les revendications des blanchisseuses de Versailles en 1848

En 1848, la fuite de Louis-Philippe laisse place au gouvernement provisoire de la Seconde République. Le gouvernement supporte des idées favorables aux ouvriers : dès le 27 février 1848, Louis Blanc instaure les Ateliers nationaux.

Au-delà des Ateliers, ce sont les ouvriers qui ont porté cette révolution : ils exigent des améliorations de leurs conditions de travail. Ils se réunissent par corporations et écrivent aux figures d'autorité du nouveau gouvernement pour présenter leurs revendications. Les blanchisseuses versaillaises ne font pas exception.

En mars 1848, les blanchisseuses s'adressent au citoyen commissaire du département de Seine-et-Oise. Elles demandent d'abord à travailler dix heures par jour au lieu de douze "comme par le passé [...] de 6 à la brume" en hiver et de "cinq à sept" en été, sans que leur salaire ne varie selon la saison. Ensuite, elles souhaitent l'instauration d'un règlement afin que le salaire donné par les maîtres blanchisseurs soit fixe pour toutes les blanchisseuses de la ville. Celui-ci doit être d'1.50F par heure travaillée. Enfin, elles refusent que les femmes de journées (c'est-à-dire des bonnes) utilisent leur service à outrage et sans rémunération : elles demandent qu'elles ne puissent leur donner que trois pièces de vêtements pendant les heures de repas et que les femmes de journée traitent leur propre lessive.

De ce fait, elles font preuve de courage en luttant pour leurs droits.