Madame BONNAIRE
Âgée de 68 ans au moment des faits, Mme veuve BONNAIRE, née JULIEN, tenait un commerce d’épicerie à Saint-Quentin au début de la Première Guerre mondiale. Dès août 1914, elle héberge chez elle plusieurs soldats anglais de l’armée alliée et les ravitaille. Parmi eux, un certain Wilhelm THELAU, fait prisonnier à Vervins, parvient à s’évader et retrouve le chemin de Saint-Quentin en raison de l’accueil chaleureux reçu auparavant chez Mme BONNAIRE.
Celle-ci le recueille de nouveau avec empressement et le cache du mieux qu’elle peut, allant jusqu’à le faire passer pour un parent auprès des autorités allemandes. Elle lui établit un faux état civil sous le nom de Jean TAVERJET, ce qui lui permet d’échapper à la déportation et d’être employé localement.
Mme BONNAIRE assure l’existence de ce soldat pendant deux ans et demi, dans des conditions particulièrement difficiles, alors qu’elle est elle-même dans une situation modeste et mère de cinq enfants.
En mars 1917, elle est évacuée en Belgique par les autorités allemandes, avant d’être rapatriée en France en octobre. Elle réside ensuite successivement à Paris chez sa fille, puis à Saint-Leu-la-Forêt chez sa belle-fille.
Le gouvernement britannique souhaite en 1918 lui témoigner sa reconnaissance pour son engagement exceptionnel en faveur de l’un de ses soldats. Il est alors envisagé de lui accorder une distinction honorifique ou une somme d’argent. À travers cette proposition, les autorités reconnaissent la portée de ses actes et les risques encourus pour venir en aide à un homme traqué.
Sources : Archives départementales des Yvelines. Cotes : 3M5 1, Contenu : Demande de médaille d'honneur de bronze des bonnes actions.