Marguerite Ida PREMSEL

De Le Lab des Archives - Yvelines
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Naissance :
4 juillet 1863
Mort :
14 octobre 1945
Métier :
Cantatrice mondaine


Cet article se base principalement sur l'article "Marguerite et Maurice Sulzbach, un couple de châtelains du Chesnay" de Denis Michel-Dansac publié dans la Revue de l'histoire de Versailles (p. 27-41). Il est disponible aux Archives départementales des Yvelines sous la cote (PER5) T. 106.

Marguerite Ida Premsel est née à Saint-Germain-en-Laye le 4 juillet 1863 du mariage du banquier Hambourgeois Benjamin Premsel, installé à Paris à partir de 1856, et de Mathilde Salomon.

Jeunesse

Mathilde grandit entre Saint-Germain-en-Laye et l'appartement parisien de ses parents, situé rue Auber, près du Palais Garnier. Très tôt, elle s'intéresse à l'art ; vers quinze ans, elle peint son autoportrait sur porcelaine. Cette fibre artistique se confirme plus tard puisqu'elle fait installer un four à poterie dans son hôtel particulier et achète des tableaux de peintres comme Maurice Denis, Jean-Louis Forain et Foujita. Aussi, la presse mondaine fait l'éloge de sa beauté. Elle est qualifiée de "jolie tête blonde d'un Rembrandt de velours émeraude, émergeant d'une collerette brune" par le journal Le Gaulois (17 février 1882). C'est peut-être ces qualités qui séduisent Maurice Sulzbach, lui-même issu d'une famille de banquier, qu'elle épouse en 1882. De ce mariage d'amour naîtront deux enfants, Marie-Andrée (1890-1975) et Laurent (1896-1952).

Le temps du "salon musical"

Si des salons littéraires existent dès le XVIe siècle, on voit apparaître au début de la Troisième République des salons musicaux, tenus par des mécènes issus de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie, public privilégié des concerts et opéras, afin de promouvoir la musique. C'est notamment pour composer le faible investissement du pouvoir républicain dans le fonctionnement de la vie musicale que ces initiatives prennent place.

Amatrice d'art sous toutes ses formes, Madame Sulzbach tient à Paris un de ces salons. Madame de Saint-Marceaux (1850-1930), habituellement plutôt critique, en fait l'éloge dans son Journal où elle raconte avoir passée une "heure exquise" à écouter "de l'excellente musique de chambre [...] dans le cadre le plus beau". En plus des mélodies de Mozart et Debussy, il était possible d'écouter chanter Madame Sulzbach elle-même. Son timbre mezzo-soprano était très apprécié et l'Opéra de Paris avait même envisagé de la faire monter sur scène, mais elle déclina l'offre. Également mécène, elle est bienfaitrice à la Société Nationale de Musique.

À partir des années 1890, Madame Sulzbach se fait connaître comme cantatrice mondaine et son salon parisien est très applaudi par la presse. Dans un article du Gauloise publié en 1895, on peut lire que "la maîtresse de maison a obtenu un très grand succès en chantant plusieurs mélodies de M. Gabriel Fauré, qui l'accompagnait au piano, et l'air de Sanson et Dalila de Saint-Saëns".

Mais Madame Sulzbach reçoit, et chante, également dans son château du Chesnay "où elle donne chaque dimanche un grand dîner, après lequel ses invités ont la bonne fortune de l'entendre", écrit Le Journal en 1894. Elle s'investit dans la vie musicale locale, chantant à la chapelle du château "une messe en musique où sa voix de mezzo-soprano a fait merveille" (Le Journal, 30 septembre 1893). Elle donne aussi des concerts dans d'autres salons, comme celui de Madame Lydie Lemercier de Nerville, situé avenue de Sceaux.

Cette célébrité lui permet de côtoyer des musiciens et compositeurs reconnus comme Jensen ou encore Ernest Chausson (1855-1899), qui lui dédicace d'ailleurs ses Ballades.

Dernières années

À la mort de son mari, le 19 février 1922, Madame Sulzbach fait donation d'une partie de leurs oeuvres au Louvre. Aussi, le château du Chesnay est rapidement vendu. Mais sa vie artistique ne cessa pas pour autant. Si elle ne chantait plus, à en croire les comptes rendus de la presse mondaine, elle permettait toujours à des artistes de se produire chez elle, comme l'organiste Joseph Bonnet ou la cantatrice Lotte Schoene.

Au Pouliguen (Loire-Atlantique), où elle avait une propriété, Madame Sulzbach est à l'initiative de plusieurs oeuvres de charité. En 1932, elle organise ainsi une vente de poteries d'art vendues au profit du dispensaire de La Baule et des enfants malades envoyés à la campagne (Comoedia, 28 novembre 1932). En 1933, elle tient une exposition-vente de ses faïences d'art faite au profit du dispensaire d'hygiène sociale de La Baule et des nouvelles pauvres de Paris (Comoedia, 29 novembre 1933).

Elle s'éteint à Cannes, le 14 octobre 1945. Elle est inhumée au cimetière du Chesnay.