TRAPPES de 1939 à 1945

De Le Lab des Archives - Yvelines
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C'est entre les deux guerres que la commune de Trappes est devenue une ville à cause de la création de la gare de Triage, puis de celle des ateliers et dépôt de charbon. Au recensement de 1936 figurent 3419 habitants, soit plus de 2.000 de plus qu’en 1921. En 1941 la commune recense 4.300 habitants. Cela a pour conséquence une modification sociologique importante, puisque les cheminots et leurs familles constituent la majorité de la population . Il en découlera d'ailleurs, l'élection d'une municipalité communiste avec à sa tête Jean FOURCASSA, lui-même cheminot et syndicaliste.

LA GUERRE :

Début octobre 1939 les maires communistes sont suspendus. Le 12 novembre une délégation est nommée pour le remplacer. Le maire désigné par le pouvoir changera plusieurs fois à Trappes qui retiendra surtout le dernier : BOURGUIGNAT , entrepreneur en scierie, habitant rue de Montfort, et dont le mandat dura jusqu’à la fin de la guerre. Tous les élus communistes sont déchus de leur mandat par décision de l'Etat. Jean Fourcassa est interné le 10 février 1940 au camp de Baillet (aujourd’hui dans le Val d’Oise), puis il sera transféré à l'Ile d'Yeu, à Saint-Angeau, à Saint-Paul d'Eyjeaux et déporté en Algérie. Sa femme sera arrêtée en 1942.


A partir du 10 mai 40, la bataille de France débute, l’Armée française ne peut contenir l’Armée allemande. Des villes du nord du pays tombent très vite entre les mains de l’ennemi. Un soldat français Etienne MASSON, 26 ans, sergent, meurt à Trappes des suites de ses blessures le 14 juin 1940 à son poste de combat (Journal Officiel du 7.06.1943). Le même jour, Paris est déclarée « ville ouverte » : Hitler entre avec ses troupes. Selon les archives municipales, 172 hommes sont mobilisés à Trappes.

Le bilan humain de la drôle de guerre s’établit :

SOLDATS TRAPPISTES MORTS AU COMBAT ET PRISONNIERS DE GUERRE ET MORTS EN ALLEMAGNE

- MAILLOT Jacques 34 Rue de Montfort Tué à l’ennemi, Aisne, 05.06.1940

-COLETTE Lucien 27 Route de Montigny MPF Tué à l’ennemi dans l’Aisne, 09.06.1940

-MONOT Jean Louis 37 Rue de Port Royal Tué à l’ennemi Oise MPF MPF 11.06.1940

-SEYLLER Lucien 37 Rue Florian Tué à l’ennemi Haute Marne 11.06.40

-ZEAU Jean Louis 25 Av Kléber MPF, légion d’Honneur Tué à l’ennemi Marne 11.06.1940

-PIOTROWSKI Jean 36 Rue de Montfort MPF 04.12.1942 à Breslau Allemagne

-BRESSY Roger 34 MPF Prisonnier guerre, mort au stalag le 05.12.1942 MPF


SOLDATS MORTS APRES L’ARMISTICE (ETAT CIVIL DE TRAPPES)

-DOUVENEAU André 24 Rue Port Royal Appelé Mort Hôpital militaire de Marseille 28.10.1940

-BOUSSé Henri 35 Rue du Gué Tué à l’ennemi, 13.11.1940

-RAYMOND Lucien 23 Av Marceau MPF Appelé, mort à Paris le 11.10.1941

-CHEVALIER René 28 Rue du Château MPF MPF d’Eau Appelé Mort à l’hôpital de Versailles 26.12.1941.

Une liste en mairie, relève les noms de 14 prisonniers. Il semble qu’il y ait eu davantage.


Le 17 juin Pétain annonce la capitulation de la France. Le 18 juin le général De Gaulle lance son appel de Londres. Le 22 juin l’Armistice prévoit notamment que le pays est coupé en deux zones séparées par une ligne de démarcation, Trappes est dans la zone occupée.

L’OCCUPATION

La ville, la Gare de Triage et le Dépôt se remplissent de soldats allemands. Une partie de la population, notamment les enfants vont être mis à l’abri à l’arrière ou partir en province.

La Kommandantur est installée dans une aile de la mairie-école. L’exode des populations descendant vers la zone libre impacte aussi la commune qui est située sur la route de Bayonne. Les ordres vont bientôt tomber : interdiction d’affichage, obligation de se déposséder des armes à feu, couvre-feu, de très nombreux films sont interdits (Trappes a deux cinémas à l’époque) et des arrestations sont également mentionnées, en particulier pour propos subversifs ou non-respect du couvre-feu. Une bonne partie de la presse sera interdite.

Mais le 9 novembre 1940, le maréchal Pétain dissout les confédérations syndicales. C’est désormais la clandestinité pour les syndicats. Il faudra attendre le 17 avril 1943, les accords du Perreux pour retrouver la CGT réunifiée, mais clandestine. L'ensemble des services SNCF sont mis à la disposition de l'occupant. Il n’en reste pas moins vrai que des actions syndicales sont menées à Trappes par les cheminots au grand jour, s’agissant de grèves, pour l’augmentation des salaires, la vie ayant lourdement augmenté avec la guerre.

Une autre grève est citée pour la récupération du 25 août 1941, une autre, en hiver pour une pause boisson chaude. S’il n’est pas encore expressément question de résistance, il a fallu cependant avoir une certaine confiance en sa force pour oser affronter l’occupant dans ce contexte de chasse aux militants. Nul doute que ces actions syndicales ont nourri la résistance.

LE STO

Le 4 septembre 1942 le Service du Travail Obligatoire (STO) est instauré par le régime de Vichy à la demande des autorités allemandes. L’appel au volontariat pour aller travailler en Allemagne ayant donné des résultats jugés insuffisants, le pouvoir nazi réclame la réquisition et l’envoi de centaines de milliers de travailleurs français, contre leur gré, pour compenser le grand nombre de soldats allemands envoyés sur le sol français. En 2008, ces personnes, souvent oubliées de l’Histoire, ont reçu la dénomination officielle de « victimes du travail forcé en Allemagne nazie ». Lorsqu’elles fuyaient le STO, elles étaient appelées « réfractaires ». Trappes a eu son lot de requis, généralement jeunes. Les archives de la ville détiennent une liste de 31 personnes dont il est difficile d’affirmer qu’elle est complète. D'ailleurs les cheminots sont déjà sous les ordres des autorités allemandes.

LA RESISTANCE

Le 30 septembre 1941, Robert Gravaud menuisier charpentier, Arsène Guilbert et Basile Levraud cheminots sont arrêtés pour distribution de tracts. Ils seront internés à Aincourt, Voves, puis Pithiviers (camps français) jusqu’à la Libération.

En octobre 1941, les cheminots Jules Fulliquet, André Le Maire et Lucien Ragaigne montent le premier "triangle" de résistance. Commencent alors des actes de sabotage et des distributions de tracts clandestins. D’ailleurs le 9 octobre des tracts sont trouvés au dépôt et la Police militaire allemande arrête 9 communistes (selon le Musée de la Résistance). Le 10 novembre 1941 on trouve des tracts d’inspiration communiste dans la rue de la Gare (actuelle rue Pierre Sémard).

En mai 1942, un résistant extérieur, Louis Cortot participe avec son groupe, l'OS (Organisation spéciale), au grenadage d’un convoi de Jeunesses hitlériennes à Trappes. Le journal "la France d'abord" de janvier 1942, relate qu'un aiguillage saboté a permis la destruction de 12 wagons chargés de matériel D.C.A. et antichars, a fait douze blessés En 1942, trois hommes, sont suivis depuis la gare de Trappes et arrêtés à Paris dont Fernand Lecoq agent de liaison qui aurait tué un marin allemand en gare de Trappes et Paul Mandras, on ignore le nom du troisième qui s'est enfui à la gare Montparnasse ; ils sont arrêtés à Paris le 26 novembre 1942, Fernand Lecoq sera déporté à Sachenhausen, Paul Mandras meurt déporté en Autriche à Gusen le 17 juin 1944. Le 22 novembre 1942, c’est l’attaque mentionnée ci-dessous :

Le 22 novembre 1942, un marin allemand est retrouvé sur une locomotive. Il aurait été victime d'un attentat la veille au carrefour de la Fourche. Deux coups de feu à la tête l'ont gravement blessé. Selon la police les auteurs de l'attentat sont André Marchand, les frères Charles et Henri Guilbert, Jules Guesdon (buraliste, ancien combattant, mutilé de guerre) selon les fiches du Musée de la Résistance.

Plusieurs articles de presse clandestine mentionnent l'incendie d'un avion de chasse avec la mort de son mécanicien le 14 juillet 1943 ; ce jour-là eurent lieu des attentats coordonnés dans toute la France par le groupe Alsace-Lorraine, FTP.

En septembre 1943, le journal clandestin «la Terre" mentionne la destruction d'un pylône, le 21 juillet et le 8 août, un transformateur va sauter aux IV Pavés, juste après minuit à la limite de Trappes et Montigny. Il n'y a pas eu de victime, mais les dégâts matériels ont été très importants. L'attentat a eu pour effet d'arrêter pendant plusieurs heures les ateliers de réparations et les ponts transbordeurs de charbon. A 5 heures, le fonctionnement manuel du poste a été rétabli provisoirement. Ces actions ont été portées à l’actif des FTP de Saint-Cyr l’Ecole.

Un article de la Vie Ouvrière du 7 mars 1944 annonce que les cheminots ont vengé Pierre Sémard, un peu partout en France, mais que les sabotages qui ont eu lieu à Trappes provoquent le « déraillement de 4 wagons, voie obstruée pendant 4 heures, déraillement d'une machine et d'un wagon, 850 boyaux de freins crevés, 3 locos déraillées, et 30 autres sabotages divers ».

En juin 1944, un lycéen entré en résistance, Jacques Boubas, bénévole de la Croix-Rouge, est arrêté à son domicile, déporté, il meurt du typhus à 17 ans à Neuengamme en Allemagne juste à la Libération. Médaillé de la Résistance.

Il est à noter que d’autres Trappistes sont homologués Résistants par les Services de la Défense, parfois des jeunes gens, passés entre les mailles des arrestations. On le voit, notre ville vit se former des groupes de résistants dans sa population, mais, du fait de son importance ferroviaire, fit venir de la région d’autres courageux qui ont parfois payé de leur vie.

Dans le même temps des hommes, fuyant le STO, ou tout simplement des patriotes rejoignent les maquis et y trouvent la mort :

- Pierre Bonneau, 21 ans, mort pour la France, réseau Amilcar, dans la Vienne le 3 juillet 1944.

- Albert Tessier, 41 ans, employé, mort pour la France à Mont près-Chambord, le 21 août 1944 avec un groupe de 10 autres personnes.

- Jean Archen, 21 ans, ingénieur SNCF, mort à Paris le 25 août 1944 en ayant rejoint le convoi Leclerc près du Parc du Luxembourg.

Il est possible que parmi les résistants trappistes homologués, il y en ait eu d’autres partis en province, mais les documents du Ministère des Armées ne précisent généralement pas les faits des gens qui sont restés en vie.

RECEPITULATION DES RESISTANTS HOMOLOGUES DOMICILIES A TRAPPES EN 1936:

- ABBAL François 1923 Avenue Marceau,

-ARCHEN Jean 1923 Rue Jaurès, ingénieur SNCF, se trouvait à Paris le 25.08.1944, tué par balle Libération de Paris, bataille Luxembourg, MPF

-BLAVY Aimé 1921 Rue de la Gare, Charbonnier, entré au maquis, alias Nane, FFI

-BONNEAU Pierre 1923 Fils de cheminot, av Marceau, maquisard réseau Amilcar, exécuté sommairement par les Allemands dans la Vienne le 3.07.1944, accompagnant des parachutistes anglais MPF

-BOUBAS Jacques 1928 Lycéen, rue La Fontaine, militant Croix Rouge, PCF clandestin, Front National, arrêté à Trappes en juin 44, mort à l’hôpital du stalag Neuengamme, mort du typhus 1945 libération du camp DIR, FFI, médaille résistance, MPF

-BOUDRAS Lucien 1888 Av de la Boissière, officier en retraite FFI

-BREAN Fernand 1915 Av de la Boissière, ajusteur SNCF, sabotages de locomotives, arrêté en 1942 chez lui, Compiègne 24.11.1943 Sachsenhausen, où il organise une résistance, transféré à Oranienburg, mort en 1944 Oranienbourg, présumé exécuté RIF, DIR Médaille de la résistance

-CHALOT Roger 1903 Rue Jaurès, mécanicien vendeur d’essence chez Cotrel, FFI, réseau CDM

-CHEVREL Louis 1903 Route de Brest, cheminot, engagé Armée Leclerc, mort à Strasbourg 12.11.1945

-CROUZAT Maurice 1922 Av Marceau, fils de cheminot

-DUPONT Maurice 1902 Rue Jaurès, mécanicien chez Marzi et gendre de Marzi FFC,réseau Marc France

-FULLIQUET Jules 1914 Av de la Gare, cheminot, 1941 faisait partie du triangle Le Maire, Ragaigne, distributions tracts, sabotage sur machines Buchenwald DIR

-GRAVAUD Robert 1907 Rue de Montfort, menuisier, arrêté en 1941 pour distribution de tracts, interné à Aincourt, Voves, Pithiviers Interné en France Résistant

- GUESDON Jules 1895 Rue Jaurès, buraliste, ancien combattant, arrêté le 24.11.1942 par Gestapo, attaque à main armée contre marin allemand à Trappes DIR, Front national

-GUILBERT Arsène 1888 Rue Pasteur, cheminot, même parcours que Robert Gravaud Interné en France Résistant

-GUILBERT Charles 1922 Rue Pasteur, fils du précédent, faisait partie du triangle Marchand/Bréan/Guilbert, arrêté avec Jules Guesdon Mauthausen, décédé le 3.02.1945 MPF, médaillé de la résistance

-GUILBERT Henri 1924 Rue Pasteur, frère du précédent, Recherché pour l’attentat contre soldat allemand (musée de la Résistance)

-HEROUARD Clément 1922 Cheminot, Armée Leclerc, tué à l’ennemi 31.01.1945 Ht Rhin MPF

-JAGU Théophile 1900 Rue Jaurès, gendarme en 1936 FFC et CDLL, ordre libération

-LECOQ Lucien 1903 Rue Jaurès, cheminot, à Trappes jusqu’en 1942 où il effectue ses premières opérations en franc tireur, arrêté à Rennes, Fort de Villeneuve St-Georges, Bernau, Dachau, Auschwitz, puis Buchenwald (Mémoire de Guerre) Bernau, Dachau, Auschwitz, Buchenwald mort 25.02.1945 DIR MPF

-LE MAIRE André 1912 Rue Jaurès, arrêté avec Lucien Ragaigne Buchenwald, mort le 11.04.1945 DIR MPF

-LEVRAUD Basile 1891 Rue de Montfort, Cheminot, arrêté avec Robert Gravaud, même parcours Interné en France Résistant

-LIGOT Charles 1913 Rue de Montfort, cheminot, (fondation mémoire déportation) Déporté politique 05.08.42 (3 prisons allemandes)

- MARCHAND André  ? indiqué dans Trappes Mémoire d’Avenir comme résistant du triangle Bréan et Guilbert

-NOININ Henri 1920 Rue de Montfort, Fils de cheminot

-PASSARD Georges 1921 Rue V. Hugo, fils de cheminot

-RAGAIGNE Lucien 1912 Montigny puis Trappes, cheminot Déporté Buchenwald Légion d’honneur

-TESSIER Albert 1903 Rue La Fontaine, Chauffeur de camion, mort dans le massacre de 11 civils le 21.08.1944 dans le Loir et Cher MPF

- VIELLE Roger 1921 Rue du Bel Air, fils d’un garde forestier, FFI

-VIELLE Paul 1925 Rue du Bel Air, fils d’un garde forestier FFI.

Malgré un pointage effectué pour chaque habitant et chaque habitante adulte du recensement de 1936 sur la liste des quelques 600.000 homologués, il n’a été trouvé aucune femme trappiste. Nul doute qu’elles aient été engagées autant qu’ailleurs.


Les familles de résistants ne sont pas épargnées. Josette AGOUTIN/DEMAGNY se souvient qu’enfant, un soldat allemand lui a posé le bout de son fusil sur sa poitrine, en demandant à sa mère où était son père recherché pour fait de résistance. Heureusement, un vacarme est survenu dans la rue Marceau et a fait sortir les soldats précipitamment.

Pendant le même temps, la situation des travailleurs non cheminots devient encore plus précaire. En particulier dans les fermes Cuypers. Ceux-ci font grève le 6 mai 1943 car leur « ration de pain » a été diminuée. La police a été appelée pour faire cesser le mouvement. On apprendra par le futur comité d’épuration que les Cuypers allaient jusqu’à frapper leurs employé-e-s, les menaçant de les envoyer au STO s’ils se plaignaient.

Des personnes trouvent la mort dans des circonstances liées à la guerre. En juillet 1943 un enfant de 11 ans meurt à la Boissière après avoir joué avec un petit obus. Jean-Pierre Presse de 9 ans décède à Montigny le 23 août 1944, un jeune homme de 19 ans, Jacques Dubout est victime d’une mine le 25 août 1944.


LES BOMBARDEMENTS 1944 : les bombardements alliés se sont produits sur des points stratégiques occupés par les Allemands et le département des Yvelines a été particulièrement touché dans la foulée de la Bataille de Normandie.

Marc LE FOLGOC raconte dans Trappes Mag numéro 169 de juin 2022 que "les Trappistes vont avoir le triste privilège d'ouvrir le bal de l'opération "Désert rail"... Les habitants se feront surprendre, vers 20h45 par une attaque aérienne de grande ampleur jusqu'alors inconnue en ces lieux!

" Un premier groupe de chasseurs-bombardiers légers "Mosquito"... intervient pour procéder au marquage de l'ensemble de la zone à détruire, dans un mix de classiques bombes explosives et de bombes lumineuses et incendiaires.

" Ce passage à peine effectué, certains habitants pressés de quitter leurs abris pour évaluer les dégâts se feront littéralement aplatir par l'arrivée soudaine de la seconde vague d'assaut composée de 261 bombardiers "Halifax". Le raid durera plus d'une heure.

" La ville de Trappes , la grosse bourgade d'Ile de France de construction traditionnelle en pierre du pays (meulière) ne sera plus jamais celle qu'elle fut jusque là !

" Cette nuit tragique a vu 1.200 tonnes de bombes déversées sur l'objectif... Des dommages immenses, considérables seront causés aux installations et sur le matériel roulant, mais aussi sur le reste de la ville. Pourtant le trafic ne sera interrompu que 48 heures ! Du côté allemand, les pertes ne furent jamais communiquées.

" Plus de 1.600 impacts les bombes calibres) seront comptabilisés sur l'objectif, dont 270 tomberont directement sur des terrains habités. Lors de cette première "expérience", 185 maisons furent totalement détruites, 572 furent très endommagées, ainsi que l'église, le cimetière adjacent, le Groupe Scolaire Jean Jaurès et, bien sûr, la voirie....

" Trois autres opérations aériennes similaires auront lieu sur les emprises ferroviaires entre ce 1er raid et le 4 juin 1944""

40 personnes sont mortes dans les zones d’habitation le 6 mars ou des suites le 6 mars, 11 autres sur le domaine ferroviaire, soit 51 en tout. 720 personnes sont sinistrées. Des corps sont parfois trouvés plusieurs jours après. Il y a de nombreux blessés.

Des personnes du Village qui s’étaient précipitées vers la Boissière (premier quartier touché) croyant que les bombardements étaient terminés ont été piégées par le retour soudain des avions dans leur quartier et sont tombées sous les bombes. Des familles sont lourdement frappées comme les TRAINEAU avec 4 de leurs membres ou les HUE avec 5 personnes. La mère du déporté Charles Guilbert, épouse d’Arsène Guilbert prisonnier politique à Voves est morte rue Pasteur.

Après le 6 mars, la ville va se vider d’un grand nombre d’habitants qui se mettent à l’abri dans les villages environnants.

Les cheminots doivent cependant venir au travail chaque jour. Aussi, c’est presque sur une commune fantôme que la RAF revient frapper le 1er juin. Et pourtant, on compte 48 victimes civiles, les objectifs SNCF ne sont pas touchés, en tout cas, on n’y relève que deux morts (état-civil de Trappes). Une famille, PETIT, perd 4 de ses membres, d’autres 3. Le grand poste D ultra moderne d’aiguillage de la gare de Triage est toujours debout alors qu’il semblait être une des cibles privilégiées. Mais pourquoi bombarder des lieux autant sinistrés ?

A l’issue de ce bombardement plusieurs personnes furent déclarées disparues sans laisser de traces, et les corps de deux inconnus furent découverts ; l’un était vêtu d’un uniforme de soldat allemand, retrouvé longtemps après dans les bois de Trappes, l’autre d’un uniforme de soldat soviétique. Il fut dit qu’un convoi de prisonniers soviétiques était stationné au dépôt, ce qui semble être confirmé par un Rambolitain qui a hébergé des soldats russes, après les bombardements de Trappes (témoignage archives départementales). On compte 654 personnes sinistrées le 1er juin.

Les agents relevant des services SNCF de Trappes suivants sont morts en service ou à la guerre :

-ANTOINE Henri 1912 Chauffeur 06.03.1944 mort au dépôt Dreux, MPF

-AUMONIER Julien 1915 Cheminot, le 6 mars 1944 bombardement au dépôt Saint-Cyr l’Ecole MPF

-BRAUSEM Georges 1913 Cheminot mobilisé, mort dans la Meuse 18 juin 1940 Versailles, MPF

-BENOIT Robert 1900 Chef de train, bombardement 06.03.1944, cantine de Trappes Villeneuve St Georges MPF

-CACHET Charles 1917 Ajusteur service matériel, mobilisé, prisonnier de guerre au stalag, mort en captivité le 17.05.1943 d'un bombardement) MPF

- CHALOT Marcel 1903 Mécanicien, 06.03.1944 Trappes Nogent sur Marne, MPF

-CHAUVICOURT Germain 1903 Conducteur électricien, 06.03.1944 dépôt Eure et Loir, MPF

-COSNARD Auguste 1896 Chef canton, 06.03.1944, Médaille bronze courage SNCF

- COSNARD Célestine 1903 Garde barrière, 06.03.1944 MPF

-CROZON François 1905 Chauffeur de route, 06.03.1944 dépôt MPF

-DESVILLES Gabriel 1908 Chauffeur de route, bombardement du 06.03.1944 Haute Vienne, MPF

- DEXET Pierre 1912 Homme d’équipe Service Exploitation, mobilisé, mort dans le Loiret le 15.06.1940 MPF

- FRUGIER René 1901 Manœuvre au service matériel et traction, prisonnier de guerre en Allemagne mort le 22.05.1942 Saint-Cyr l’Ecole, MPF

-GAUTIER Basile 1913 Homme d’équipe Service Exploitation, mobilisé, mort dans les Ardennes, le 9 juin 1940 Damville (Eure), MPF

- JACQUET Raymond 1901 Mécanicien, victime civile bombardement 06.03.1944 Dreux, MPF

- JULIENNE Auguste 1910 Laveur de chaudière au service Traction du Dépôt, tué Gare de Versailles RG bombardement le 24.6.1944 Versailles, MPF

- LACHARTE Marcel 1923 Cantonnier Service Voies et Bâtiments, tué Gare de Versailles Chantiers le 24.06.1944 ?, MPF

- LALLOUR Désiré 1901 Conducteur au Service Exploitation, tué bombardement Versailles Chantiers, le 24.061944 Versailles, MPF

- LARSONNEUR Vincent 1909 Manœuvre au service Matériel et Traction, mort en service le 28.08.1943 mitraillage du dépôt de Trappes Av Marceau, MPF, cité à l’ordre de la SNCF

-LE BRIS Yves 1895 Mécanicien de route au service Exploitation, mort en chutant de sa machine, le 20.06.1940, suite mitraillage de sa machine par avions ennemis le 16.06 Saint-Cyr l’Ecole, médaille d’honneur en argent des Chemins de Fer

- MANCEAU René 1895 Mécanicien au service Traction du dépôt, blessé mortellement mitraillage de Villepreux les Clayes, 21.08.1943 Saint-Cyr l’Ecole, MPF, cité à l’ordre de la SNCF, médaille bronze courage

-MARTIN Gustave 1911 Ajusteur monteur service Traction, mobilisé, mort dans le Haut-Rhin le 07.02.1940 ?, MPF

-MARTIN René Alfred 1903 Chauffeur, bombardement 06.03.1944, corps trouvé le 09 Nogent sur Marne, MPF

-PAIN François 1893 Conducteur service exploitation, tué en service bombardement à Brou, le 15.06.1940 Versailles puis Trappes, MPF, médaille d’honneur argent chemins de fer

-PICARD Louis 1905 Chauffeur de route service Traction, tué en service gare de Gisors, 08.06.1940, Rue de Montfort, MPF

-RENAULT Emile 1894 Homme d’équipe service exploitation, tué en service, bombardement aérien de Versailles Chantiers, le 24.06.1944 Versailles, MPF

-RIGAUD/PERRILLET Germaine 1908 Manœuvre auxiliaire service traction, tuée en servie bombardement aérien 06.03.1944 Saint-Cyr l’Ecole, MPF

-RIO Joseph 1897 Employé, bombardement 06.03.1944, corps trouvé le 09 au dépôt Paris, MPF

- RIVES Pierre Agent SNCF (plaque commémorative Trappes) Montigny le Bretonneux

-TANEL François 1889 Chef de train au service exploitation, mort en service à Villepreux le 25.05.1944 mitraillage aérien RAF Versailles, MPF

-TRONCIN Maurice 1901 Mécanicien de route service de traction, mort mitraillage aérien RAF, le 19.05.1943 entre Beynes et Plaisir Saint-Cyr l’Ecole, MPF, médaillé SNCF pour acte de courage

-VIOT Alphonse 1895 Mécanicien, tué au dépôt 06.03.1944 MPF

ET DUPONT Léon surveillant de route a été atteint de cécité complète suite au bombardement de Versailles du 24.06.44 (médaille d’honneur des chemins de fer)


LA LIBERATION

Depuis le débarquement des alliés en Normandie, les événements se précipitent. La deuxième Division Blindée du Général Leclerc est venue en renfort et a débarqué le 1er août dans la Manche. L’occupant se trouve en difficulté même s’il se défend avec acharnement et la bataille de Normandie va faire de nombreuses victimes civiles et laisser les villes en ruines. Les alliés ont pour objectif l’Allemagne en contournant Paris par le nord. Dans le même temps, les Parisiens ont lancé l’insurrection le 19 août.

L’Armée Leclerc est à Rambouillet, à une vingtaine de kilomètres de Trappes. Elle est finalement autorisée à aller aider les Parisiens. La 2ème DB va alors se diriger vers la capitale. Après avoir subi le feu de l’ennemi à Coignières, elle évite Trappes, en obliquant vers le sud à La Verrière en raison des troupes allemandes que contiennent les équipements ferroviaires et mobilisées pour l’attaquer, et,, s’oriente vers la vallée de Chevreuse.

Il y aura des combats à Magny-les-Hameaux et autour. Le 25 août Paris est libérée. Le même jour, Versailles est libéré avec l’aide de troupes alliées. En fait, selon les informations de la Fondation du Maréchal Leclerc de Hauteclocque, le Général a pris la décision d’envoyer un détachement à Versailles, le groupe De Guillebon. Le 23 août, il lance deux reconnaissances, le Régiment de marche du Tchad sous l’autorité du chef d’escadron Morel-Deville, une à partir de Rambouillet qui emprunte la RN10, la seconde, aux ordres du lieutenant Serizier, qui doit reconnaitre les voies par Dampierre, Voisins, Guyancourt, Satory et Versailles.


Le 27 août 1944, en mairie de Trappes, le Comité Local de Libération est constitué par les organisations de résistance et est composé de Basile Levraud, parti communiste, Jean Jourdan, syndicat des cheminots, Paul Duport, Raphaël Chansac, Emile Domergue parti socialiste, Madame Cotrel, Daniel Viger FTP, André Mogue Front National, Julien Elluard comité national de Résistance, Arsène Guilbert, Louis Morisset, Constant Gaspard, Emile Pagenelle, Louis Broutin, Henri Catinot. (réf: registre du conseil municipal). Ils réservent le titre de maire à Jean Fourcassa qui n’est pas encore rentré du camp. Ces personnes se mettent au travail et constituent des commissions, le 4 septembre, notamment celle du ravitaillement, du relogement, de l’épuration.


L’EPURATION Les contemporains n’ont pas eu à signaler de scènes d’épuration populaires avec règlements de comptes comme il s’en est produit ailleurs dans le pays. Le comité d’épuration locale s’attache recenser les personnes susceptibles de faire l’objet d’une enquête par les nouvelles autorités. La mairie remplira 27 fiches individuelles qui concernent principalement les plus gros propriétaires de Trappes ainsi que des commerçants ayant pratiqué le marché noir. L’un d’entre eux, marchand d’habits, sera accusé d’avoir profité de l’éloignement de son propriétaire juif pour user de ses biens et les mettre à la disposition des Allemands. Un autre, cafetier, d’avoir ouvert une maison de tolérance avenue de la Gare et d’avoir fait du marché noir. Les faits reprochés à Joseph M, sont d’avoir organisé des réceptions dans sa villa de la rue de Port Royal, pour les occupants et de s’être particulièrement enrichi pendant cette période au point d’avoir acquis le cinéma du Grenier à sel et fait réaliser des travaux très couteux. D’ailleurs, son gendre dont le nom figure dans la liste des résistants trappistes, l’a chargé dans cette enquête.

Quant aux C, père et fils, ils ont aussi favorisé la clientèle boche et surtout profité de la situation pour surexploiter les agents agricoles, jusqu’à les frapper, les menacer de déportation, les empêcher de quitter la ville lors des bombardements. Une demoiselle Cuypers avait d’ailleurs caché 250.000 boites de petits pois dans sa propriété. Mr B a mis sa scierie à la disposition des Allemands… Un entrepreneur leur a prêté deux camions… Il conviendrait de pousser plus loin les investigations pour savoir ce qu’il est advenu de ces renseignements. Mais il est fait mention d’une condamnation d’une personne à 3 ans de prison. La France est reconnue comme ayant fait preuve de mansuétude à l’occasion des procès des collaborationnistes, plus que ses homologues européens.